Hélène vendit les toiles pour la somme, exorbitante à l’époque si l’on songe au discrédit dans lequel Le Meriadech’ tomba quelques années plus tard, et dont il émerge d’ailleurs de nos jours, de 60 000 francs. Avec ce petit capital, elle et son mari s’expatrièrent aux Etats-Unis. Ils y devinrent joueurs professionnels, organisant dans des trains de nuit et des tripots de village des parties de dés clandestines qui s’étalaient parfois sur plus d’une semaine. A l’aube du 11 septembre 1935, Antoine Brodin fut assassiné ; trois voyous, à qui il avait refusé l’entrée de sa salle de jeux deux jours auparavant, l’emmenèrent dans une carrière abandonnée de Jemima Creek, à quarante kilomètres de Pensacola (Floride) et le tuèrent à coups de canne. Hélène revint en France quelques semaines plus tard. Elle obtint de son neveu François qui, à la mort d’Émile, un an plus tôt, avait hérité de l’immeuble, la jouissance d’un petit appartement de deux pièces au sixième étage, à côté du docteur Dinteville. Elle y vécut, assagie, craintive, effacée, jusqu’à sa mort en mille neuf cent quarante-sept.