Olivier prit très au sérieux ses fonctions de propriétaire et de syndic, mais quelques années plus tard, la guerre, de nouveau, s’acharna sur lui : rappelé en Algérie en 1956, il sauta sur une mine et on dut l’amputer au-dessus du genou. Soigné à l’hôpital militaire de Chambéry, il tomba amoureux de son infirmière, Arlette Criolat, et, bien qu’elle eût dix ans de moins que lui, il l’épousa. Ils s’installèrent chez le père de la jeune femme, un marchand de chevaux, dont Olivier, retrouvant quelque chose de son ancienne vocation, prit en main la comptabilité.
Sa guérison fut longue et coûteuse. On essaya sur lui un prototype de prothèse totale, un véritable modèle anatomo-physiologique de la jambe, qui tenait compte des plus récentes découvertes en matière de neurophysiologie musculaire, et qui était équipé de systèmes asservis permettant des flexions et des extensions s’équilibrant réciproquement. Au bout de plusieurs mois d’apprentissage, Olivier parvint à maîtriser son appareil au point de pouvoir marcher sans canne et même, une fois, les larmes aux yeux, de monter à cheval.