Histoire du grand-père qui se faisait la barbe, 71

 

Ou bien, du plus loin qu’elle pouvait se souvenir, remontait la fascination qu’elle éprouvait chaque fois que, toute petite fille, elle regardait son grand-père se faire la barbe : il s’asseyait généralement le matin, vers sept heures, après un frugal petit déjeuner, et préparait avec sérieux, dans un bol d’eau très chaude à l’aide d’un blaireau très souple une mousse de savon si dense si blanche et si compacte qu’il lui en venait encore, après plus de soixante-quinze ans, l’eau à la bouche.