Il devint ensuite producteur de disques : il avait rencontré lors de son séjour à l’hôpital un musicien autodidacte, Marcel Gougenheim, dit Gougou, dont l’ambition était de former un grand orchestre de jazz comme il y en avait eu en France à l’époque de Ray Ventura, d’Alix Combelle et de Jacques Hélian. David Marcia se rendait bien compte qu’il était illusoire de penser gagner sa vie avec un grand orchestre : même les toutes petites formations n’arrivaient pas à survivre et de plus en plus souvent, au Casino de Paris comme aux FoliesBergère, on ne gardait que les solistes et on les faisait accompagner par des bandes magnétiques ; mais Marcia se persuada qu’un disque aurait du succès et il décida de financer l’opération. Gougou engagea une quarantaine de jazzmen et les répétitions commencèrent dans un théâtre de banlieue. L’orchestre avait une sonorité excellente que les arrangements très woody-hermaniens de Gougou faisaient fantastiquement sonner. Mais Gougou avait un terrible défaut : c’était un perfectionniste chronique et après chaque exécution d’un morceau il trouvait toujours un détail qui n’allait pas, un tout petit retard par-ci, une minuscule bavure par-là. Les répétitions, prévues pour trois semaines, en durèrent neuf avant que David Marcia ne se décide enfin à arrêter les frais.