Histoire du lycéen déporté, 43

 

Paul Hébert, malgré son jeune âge, vivait seul dans cet appartement. Un oncle qu’il ne voyait guère plus d’une fois par semaine, et son grand-père pharmacien s’occupaient de lui. Sa mère était morte alors qu’il avait dix ans et son père Joseph Hébert, inspecteur du matériel roulant aux Chemins de Fer de l’État, n’était pratiquement jamais à Paris. Les soupçons des Allemands se portèrent vers ce père dont Paul Hébert n’avait pas eu de nouvelles depuis plus de deux mois. Il apparut rapidement qu’il avait également cessé son travail, mais toutes les recherches entreprises pour le retrouver demeurèrent vaines. Il n’existait pas de Maison Hély and Co à Bruxelles, et pas davantage de tailleur nommé Anton au numéro 16 bis de l’avenue de Messine, qui était d’ailleurs un numéro fictif, aussi fictif que le numéro de téléphone dont on comprit un peu plus tard qu’il correspondait simplement à l’heure de l’attentat. Au bout de quelques mois, les autorités allemandes, persuadées que Joseph Hébert avait été luimême descendu ou qu’il avait réussi à passer en Angleterre, classèrent l’affaire et envoyèrent son fils à Buchenwald. Après les tortures qu’il avait subies quotidiennement, ce fut presque pour lui une libération.