Histoire du jeune couple qui acheta une chambre à coucher, 98

 

Peu de temps après leur installation rue SimonCrubellier, les Réol s’entichèrent d’une chambre à coucher moderne qu’ils virent dans le grand magasin où Louise Réol était facturière. Le lit à lui seul coûtait 3 234 francs. Avec le couvre-lit, les chevets, la coiffeuse, le pouf assorti et l’armoire à glace, l’ensemble dépassait onze mille francs. La direction du magasin accorda à son employée un crédit préférentiel de vingt-quatre mois sans apport initial ; l’intérêt du prêt était fixé à 13,65 %, mais compte tenu des frais de constitution du dossier, des primes d’assurance-vie et des calculs d’amortissement, les Réol se retrouvèrent avec des versements mensuels de neuf cent quarante et un francs trente-deux centimes, qui furent automatique déduits du salaire de Louise Réol. Cela représentait près du tiers de leur revenu et il apparut bientôt qu’ils ne parviendraient pas à survivre décemment dans de telles conditions. Maurice Réol, qui était aiderédacteur à la CATMA (Compagnie des Assurances des Transports Maritimes) résolut donc de demander une augmentation à son chef de service.