Il essayait de ressusciter ces détails imperceptibles qui tout au long de ces cinquante-cinq ans avaient tissé la vie de cette maison et que les années avaient effacés un à un : les linoléums impeccablement cirés sur lesquels il fallait ne se déplacer qu’avec des patins de feutre, les nappes de toile cirée à rayures rouges et vertes sur lesquelles la mère et la fille écossaient des petits pois ; les dessous-de-plat en accordéon, les suspensions de porcelaine blanche qu’on remontait d’un doigt à la fin du dîner ; les soirées autour du poste de T.S.F. avec l’homme en veste de molleton, la femme en tablier à fleurs et le chat somnolent, pelotonné près de la cheminée ; les enfants en galoches qui descendaient au lait avec des bidons bosselés ; les gros poêles à bois dont on recueillait les cendres dans de vieux journaux étalés…